Le kiss prend-il le pouvoir ?

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Sur les quais des ports du golfe de Gabes, on distingue bien les bateaux de pêche au kiss qui sont alignés, côte à côte, sans matricule ni nom pour la plupart. De l’autre côté du port, les barques de la pêche artisanale les premières victimes du kiss. La tension entre les deux est palpable. Des batailles en pleine mer ont même fait des blessés. Doit-on attendre qu’elles fassent des morts ?
Dans tous ports des côtes Est de la Tunisie on les voit décharger les poissons « volés » et balancent dans le port même, les algues de toutes espèces, des petits poissons morts d’espèce différentes, des déchets plastiques, etc. Braconniers, voleurs et pollueurs … les pêcheurs au kiss sont de la pire espèce qui puisse exister.
L’équipage est composé par un rais et deux bleus. Le rais est généralement propriétaire du bateau. La plus part du temps les deux jeunes marins sont des novices. Ils sont là pour financer leur « Harga » vers l’Italie. Leur travail ne nécessite pas de qualification : lancer, retirer et nettoyer le kiss c’est tout.
Le large plateau continentale des côtes Est leur fourni un terrain facile à leur activité qui détruit la faune et la flore sous-marine.
Il leur faut tout au plus une demie heure de navigation et sur des profondeurs de 2 m, le kiss est lancé. La durée moyenne d’un trait au kiss est de deux heures de temps. Le nombre de traits lui n’a pas de limite. Deux heures à racler et à traîner une chaine lourdement lestée par des boules de plomb fixée à la partie inférieur d’une poche, un filet, qui est maintenue ouverte grâce à des flotteurs et qui capture ainsi « TOUT » sur son passage. Pendant deux heures le kiss cassera et trainera aussi sur son passage les gargoulettes de pêche aux poulpes et les morceaux de filets des petits pêcheurs artisanaux.
Le résultat est navrant : beaucoup d’algues de différentes espèces colmatent les minuscules mailles du filet, des petits poissons dont la plupart ne dépassent pas les 5 cm, des coquillages allant du murex à la grande nacre et des crabes s’entassent comme dans une vide ordure. Quelques seiches, des poulpes (hors saison) et une dizaine de poissons de petits et moyens calibres constituent généralement le gros des prises du kiss. Le reste, le gros volume de la prise, est jeté à l’eau au grand plaisir des mouettes qui les accompagne lors de leur retour au port.
La pêche au kiss n’est ni épuisante ni dangereuse pour ceux qui la pratiquent. De plus, et c’est un argument de taille pour ces « voleurs », elle nécessite un investissement qui est presque le 1/10 de celui nécessaire pour armer un bateau de pêche côtière aux filets. C’est aussi pour cette raison que, malgré l’illégalité, le nombre d’adeptes de cette technique de pêche est en croissance.
Dans le cadre de la lutte contre cette pêche illégale, le ministre de tutelle a même tendu la main à ces « bandits » en leur offrant en cas de reconversion des avantages telle qu’une prime d’investissement de 25% et une exonération de la TVA (18%) lors de l’acquisition de filets homologués pour pratiquer la pêche côtière, d’intervenir auprès de banques pour accéder aux crédits, … etc tout ça contre leur engagement à cesser d’entreprendre cette activité. Un coup d’épée dans l’eau puisque ces criminels ont fait leur choix et agissent maintenant en bandes organisées en bloquant les ports à chaque fois que l’un des leurs est pris et verbalisé lors des « rafles » aussi rares qu’épisodiques aux ports.
Les sanctions prévues par la loi contre les pratiquants de cette pêche sont : confiscation du kiss, des produits de la pêche, si elle existe, et une amande dérisoire.
Nous demandons à revoir les pénalités à la hausse avec une amande de pas moins de 20000 DT et à introduire une nouvelle sanction : la possibilité, pour les bateaux récidivistes, de les couler et en faire un récif artificiel.
Free & wild
HOUTIYAT
Sources : Inkyfada, Kapitalis